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Comme nous venons de le voir, à l’état naturel un cheval passe le plus clair de son temps à s’alimenter. Il est possible d’observer également quelques comportements de repos, de grooming, ou d’observation. Un individu vivant au pré va principalement couvrir de petites distances à faible allure (le plus souvent au pas) afin de trouver sa nourriture.   Son alimentation est pour l’essentiel l’herbe ; aliment pauvre en énergie et riche en fibres. Il est donc obligé d’en ingérer de grandes quantités pour couvrir ses besoins journaliers.

La domestication du cheval a créé des changements tant dans les modes de détentions des équidés que dans leur alimentation et leurs besoins énergétiques. Ainsi la vie en box provoque un changement radical dans l’alimentation des chevaux. Ils vont recevoir des repas à heures fixes, pauvres en fibres, riches en énergie (les concentrés) et souvent ingérés très rapidement. Il faut absolument comprendre que ce changement radical entre l’herbe et le concentré entre une nourriture abondante et très digestible à une alimentation rare et très riche est à l’origine de nombreuses pathologies digestives et comportementales.

L’un des problèmes rencontrés avec les concentrés est qu’ils diminuent la fermentation des aliments dans le gros intestin conduisant fréquemment à des coliques ou des ulcères gastriques. De plus ils sont ingérés très vite et ne permettent pas au cheval de s’alimenter 15 heures sur 24 heures.

Alors pourquoi leur en donner ? Eh bien, les besoins énergétiques des chevaux ayant augmenté avec la compétition notamment et les croisements, Il est impératif de trouver de nouveau aliments riches en énergie et ingérés rapidement. En effet un cheval à l’entretien (qui ne travaille pas) et un cheval au travail n’auront pas les mêmes besoins. Pour autant, il faut proposer à ces deux individus un mode de vie qui les protège au maximum de ces pathologies tout en étant optimal pour les performances.

 

 

 

 

 

 

 

L’un des principaux indicateurs de bien-être équin est une pathologie. En effet, des études épidémiologiques sur les ulcères gastriques ont révélé qu’un grand nombre de chevaux de sport et même de loisir en souffrent. Ils reflètent un manque de bien-être car ils peuvent provoquer des modifications du comportement ainsi qu’une baisse de performance. Le confinement, un entraînement excessif, l’isolement social, le manque de fourrage dans la ration alimentaire et des temps d’alimentation réduits, sont des facteurs de risque. Dans la mesure où les chevaux qui vivent en liberté ne présentent pas ces troubles et que la domestication ne semble pas avoir eu d’influence sur le budget-temps des chevaux, on peut penser que le fait de tendre vers une répartition plus naturelle de leurs besoins pourrait améliorer leur bien-être.

Il est donc indispensable de permettre aux équidés de se rapprocher d’un comportement alimentaire « naturel » pour éviter tout risque. Le mode de distribution des concentrés et du fourrage est aussi un élément perturbateur. En effet ils sont distribués entre une ou deux fois par jour laissant ainsi les chevaux dans de longues périodes de privation de nourriture. Cet apport massif de nourriture non réparti tout au long de la journée est très dangereux pour eux, autant au niveau comportemental que digestif. Il a été observé que, au-delà de 3 h 30 sans s’alimenter, il y avait de grands risques pour que l’équidé développe des problèmes digestifs.

La communauté scientifique recommande de permettre au cheval de consacrer au minimum de 5 heures par jour à son alimentation. Les troubles digestifs pouvant apparaître lorsque cela n’est pas respecté sont les coliques ou des ulcères gastriques. Ce sont des pathologies fréquentes qui demeurent probablement sous-estimées faute de diagnostic précis.

Comme nous venons de le voir, l’environnement a un impact sur l’animal; une alimentation inadaptée, une écurie bruyante et mal entretenue, des séances de travail anxiogènes et les problèmes commencent. L’exemple le plus typique est celui du cheval au caractère bien trempé, qui essaie de mordre tout être vivant présent aux écuries, qui sauterait presque des quatre fers pour que son voisin de box ne mange pas sa ration et qui fait tomber tous les cavaliers. Ce cheval est simplement dans un environnement qui ne lui convient pas et, malgré toutes ses tentatives, il n’arrive pas à revenir dans une zone confortable par rapport à ses besoins. Ce cheval n’est pas né ainsi, ce sont les pressions environnementales qui l’ont façonné.

Que faire pour lui, me demanderez-vous ? Pour commencer il faut vérifier que son alimentation est adaptée, qu’il sort suffisamment au pré ou paddock et qu’il a des interactions régulières avec ses congénères. Je suis certaine qu’avec cela le méchant cheval deviendra un agneau.

Ensuite il faut aller plus loin ; car le cavalier c’est aussi l’environnement du cheval. Un cavalier qui vient monter son cheval en pensant toujours au travail, qui perd patience à la moindre erreur de son compagnon et qui ne passe pas de temps à prendre soin de lui impactera fortement l’animal. Ainsi n’hésitez pas à faire une introspection lorsque vous arrivez aux écuries ou à proposer à votre client d’en faire une. Dans quel état d’esprit je me trouve ? Est-ce que je suis calme ? Est-ce que j’aurais la patiente d’enseigner à mon cheval aujourd’hui ? etc.

Est-ce qu’on s’égare en parlant de tout cela ? Pas du tout ! Pour reprendre l’exemple de la terreur de l’écurie ; si son cavalier arrive énervé, que la séance se passe mal, le cheval sera anxieux. L’anxiété provoque une cascade d’événements chimiques permettant la libération d’hormones comme le cortisol ou l’adrénaline. Elles sont accompagnées d’une production accrue d’acide dans l’estomac.

Lorsque le cheval dans son box, s’il n’a rien à se mettre sous la dent il ne peut pas tamponner cet excès d’acide et l’inconfort augmente. À l’heure du repas si le concentré est servi en premier, un surplus d’acide arrive dans l’estomac, le cheval se sent encore plus mal et produit plus d’acide. Cela à répétition et c’est l’ulcère assuré. Je vous donne l’exemple du cavalier pour vous montrer l’importance de la relation cavalier-cheval, mais il en va de même avec une écurie désagréable et plein d’autres situations. Les équidés sont comme nous, tous très différents, une situation peut être neutre pour l’un, mais terriblement stressante pour l’autre. Il est important de beaucoup observer pour comprendre quelles sont les véritables causes. Changer l’alimentation, mais garder un environnement inapte à l’animal ne vous permettra pas d’avoir de bons résultats.
voir de bons résultats.

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